Au-delà de leurs missions traditionnelles, les bibliothèques sont depuis plusieurs années en pleine évolution pour répondre aux attentes de leurs publics et s’adapter à leur territoire. Elles changent leur rapport aux publics en étant plus inclusives et participatives, elles modifient leurs espaces, s’ouvrent à d’autres collections et services.
Elles sont aussi amenées à revoir leur fonctionnement à l’heure du réchauffement climatique et des restrictions budgétaires.
L’innovation est différente selon chaque bibliothèque, ses moyens humains et financiers, les attentes politiques et surtout la réalité de son territoire (sa population, ses besoins, les services et structures déjà existants ou non pour y répondre).
Les exemples présentés sont le reflet de bibliothèques qui
- testent (quitte à se tromper et revenir en arrière parfois) avec au centre de leurs préoccupations la multiplicité des publics à accueillir et de leurs attentes
- cherchent à accompagner les mutations sociétales et environnementales en se demandant souvent « jusqu’où aller ? ». Mais peut-être devrait-on aussi se demander avec qui y aller : malgré toute la bonne volonté des bibliothécaires, leur temps et leurs compétences ne sont pas illimités. Selon les projets, des partenariats et des collaborations ponctuels ou pérennes sont à installer avec des professionnels plus qualifiés (médiateurs numériques, sociaux mais aussi scientifiques par exemple). Impossible à mettre en place dans beaucoup de structures hormis les grandes bibliothèques, mais parfois plus pertinent et réaliste à l’échelle d’un réseau intercommunal.
- revoient leur mode de fonctionnement à l’heure des incitations au participatif et des attentes citoyennes pour une plus grande implication.
Toutes ces évolutions se traduisent par des constructions ou des réaménagements avec le souci de créer un environnement convivial, accessible et inclusif. Selon l’importance du projet (et la place disponible), cela se limitera à un simple mur d’expression ou une zone de troc jusqu’à l’ouverture de nouveaux services en dialogue avec les espaces collections. Et après avoir longtemps préconisé des bâtiments non partagés, plusieurs reviennent à l’hybridation des services pour attirer de nouveau public.
Pour aller plus loin
Vous trouverez bien d’autres exemples en consultant :
- Initiatives des bibliothèques en Bretagne recensées par Livre et lecture en Bretagne
- Initiatives dans les bibliothèques de Normandie par Normandie Livre & lecture
- Initiatives des bibliothèques en Centre-Val de Loire par Ciclic Centre-Val de Loire
La plateforme des projets de l’ENSSIB peut aussi être une bonne source d’inspiration tout comme les albums photos de Charlotte Hénard
Dans le fonds pro de la BDLA
Ainsi que les guides de l’innovation publiés par Livres-Hebdo chaque année.
Les numéros 85-86 (Innover) et 100-101 (Plus de 100 idées pour changer ta bib) de Bibliothèque(s) sont aussi consultables en ligne.
Bibliothèques aux petits soins pour leurs publics
Les bibliothèques rivalisent d’attention pour proposer à tous un lieu toujours plus accueillant en mettant l’accent sur la convivialité des espaces, par du mobilier de confort (certaines disposent même d’un siège de massage comme à Bordères et Lamensans), par des nouveaux services ou des animations bien-être.
Elles s'adaptent aussi aux rythmes de vie de leur territoire en facilitant les prêts et retours et pour certaines en amenant les livres sur les lieux de travail ou dans les commerces, en créant des bibliothèques éphémères dans des lieux inattendus ou en étrennant des bibliothèques itinérantes comme la bibliambule.
Plusieurs exemples sont recensés dans ce document.
Avec une attention particulière portée à certains publics
Au-delà d’exemples innovants concernant l’accessibilité (scénarios sociaux, vélos-pupitres, …), les bibliothèques sont attentives aux questions de genre au risque de provoquer certaines réactions comme lors d’heures du conte par des artistes drag queen et drag king. Elles se sont aussi emparées de la problématique des primo-arrivants par des ateliers de conversation ou leur fonds en FLE.
Rôle social des bibliothèques
Sans oublier d’argumenter pour la gratuité qui lève les freins vis-à-vis de certains publics, des bibliothèques accueillent du soutien scolaire dans leurs locaux, de l’accompagnement social, des écrivains publics ou des médiateurs numériques pour lutter contre l’illectronisme.
Bibliothèques vertes
Les exemples d’actions pour sensibiliser les publics ne manquent pas : des grainothèques aux repair cafés en passant par les zones de troc ou le prêt d’objets. Mais comme tous les services, les bibliothèques ont à mener une réflexion sur leur fonctionnement et leur impact carbone. L’éco-conception relève plus des compétences architecturales et techniques. Les bibliothécaire ont en revanche plus la main pour mener une politique documentaire durable, réduire leurs déchets ou travailler sur la sobriété numérique.
Au-delà des quelques exemples cités dans le PowerPoint, vous pouvez consulter notre rubrique Bibliothèque et écologie
Bibliothèques en mode participatif
Les bibliothèques pratiquent le participatif avec l’implication de longue date de bénévoles dans leur gestion. Mais elles innovent en proposant des débats citoyens, des zones d’exposition, des ateliers partage de savoir-faire et certaines revoient leur fonctionnement pour y inclure la participation des habitants lors de la construction d’un nouveau projet par exemple jusqu’à, pour certaines, devenir de véritables tiers lieux.
À lire un entretien avec Aurélie Batard, co-pilote du groupe de travail Médiathèques de l'association nationale des tiers-lieux : Les médiathèques participatives mobilisent 50 % de la population locale
(ré)aménager de nouveaux espaces et collections
Toutes ces nouvelles tendances recensées précédemment se traduisent par de nouvelles zones ou de nouveaux espaces dans les bibliothèques.
La très grande majorité des projets de construction ou de réaménagement incluent des espaces détente pour se désaltérer mais certaines bibliothèques proposent aussi des coins pour s’allonger voire même dormir tandis que d’autres font de la place pour jouer sur place. Des murs d’expression sont installés pour encourager le participatif. Des zones de travail partagé ont été intégrés dans plusieurs constructions récentes. Et, depuis quelques temps des espaces d’activités voient le jour dans certaines communes : cuisine, fablab, pour faire du numérique ou de la musique. Tout comme des nouvelles collections telles que les jeux ou le prêt d’œuvre d’art (ré)apparaissent.
Bibliothèques hybrides
Certaines communes ont décidé de construire des bibliothèques « hybrides » au vu de leurs besoins sur leur territoire. Il s’agit parfois d’un partage du bâtiment avec des espaces communs ce qui permet rationnaliser les coûts de fonctionnement, additionner parfois les subventions, mutualiser les énergies comme au Cellier avec la mairie ou à Massérac avec l’école publique. Plus récemment, c’est « la Locomotive » bibliothèque et maison de quartier qui s’est ouverte à Nantes dans le quartier Erdre-Batignolles.
La médiathèque Estaminet à Grenay est de celles qui ont poussé le plus le concept de pluralités des services (à voir en vidéo). Tout l’enjeu du projet était de faire venir le plus grand nombre d’habitants dans un lieu de lecture publique, même ceux qui pensent que ce n’est pas un endroit pour eux. (La ville de Grenay est pluriculturelle avec une population fortement issue de l’immigration minière et un taux de chômage qui avoisinait les 30% en 2023).
Et tout récemment, la ville de Grenoble a profité du déménagement d’une de ses bibliothèques dans un ancien espace sportif pour conserver le mur d’escalade et le dojo afin de concilier sport et culture, et toucher des publics nouveaux